par Jean-Marc Lebout
♦ Article paru dans le n° 130 de la Revue Musiques Mécaniques Vivantes de l’AAIMM ♦
Dans notre précédente revue, Geert Cerulis et Johan Goyvaerts ont émis cette intéressante hypothèse et lançaient une bouteille à la mer à la recherche de mouvements musicaux aux caractéristiques similaires aux quelques musiques contenues dans les horloges astronomiques assurément réalisées par cet éminent horloger.
J’y ai reconnu un mouvement que je possède en collection et cet addendum pourra peut-être faire progresser un peu leur recherche.
Passé en vente à Chartres en 2003 et décrit par notre regretté ami Philippe Rouillé comme un ‘Rare et beau mouvement primitif’, ce cartel était daté vers 1815-1820. C’est sa belle notation et sa puissante sonorité qui m’ont à l’époque attiré, chose que j’avais annotée en marge de la description du lot au catalogue.
Cette musique joue 4 airs, d’une durée de +/- 45 secondes, sur 90 lames (45 sections de lames groupées par 2). Le cylindre a 24 cm de long et un diamètre ‘étroit’ de 31 mm. Le cartel est vissé dans une grande base de pendule ovale en acajou qui a nécessité de rallonger les trois manettes et l’axe de remontage du barillet pour les rendre accessibles à l’extérieur du socle. Aucun élément ne semble avoir été monté sur la musique ou dans le socle pour un déclenchement par l’horloge. Le couvercle ne montre d’ailleurs aucun orifice pour cette fonction, le jeu musical s’obtient donc seulement à la demande et par les manettes.
Pour compléter les caractéristiques de constructions particulières déjà décrites dans MMV 129 -et qui m’ont fait comprendre qu’elles avaient été obtenues par l’étude minutieuse de photographies mais pas par l’étude de l’objet, je peux rajouter les détails suivants :
- le limaçon se présente sous la forme d’un pignon lanterne (photo 2).
- le cylindre est positionné au-dessus de la platine qui ne présente donc qu’une petite fenêtre pour le seul passage du barillet (photo 3).
- le bras de l’arrêt instantané est placé à gauche du régulateur et non à droite (photo 4).
- les cinq dernières sections de lames basses sont lestées avec un poids en laiton qui est riveté à la lame (photo 5).
- les quelques lames basses suivantes ont conservé une épaisseur de fer plus importante pour leur donner la hauteur de note voulue. Il n’y a donc pas de ‘plombs’.
Aucune identification, indication ne sont visibles sur la platine, les tampons du cylindre, etc… il n’y a même pas de numéro de série de fabrication. Idem sur la boiserie, que ce soit le revers du couvercle, l’intérieur du socle ou sa base, aucune trace écrite. J’ai donc déboîté le cartel dans un dernier espoir. Trois signes sont gravés maladroitement au niveau de la fenêtre découpée dans la platine mais je n’arrive pas à déterminer s’il s’agit de lettres ou de chiffres… (Photo 6).
Ce cartel garde donc, lui aussi, tout le mystère autour de son fabricant. Raingo ? pas Raingo ? la question ne sera pas tranchée aujourd’hui.
Vous pouvez écouter 4 vidéos de ce cartel