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samedi 14 mai 2022 - dimanche 15 mai 2022

Assemblée Générale 2022 à Beaumont-sur-Oise (Val d’Oise)

Compte-rendu AG

Lors de notre Assemblée Générale du 15 mai 2022 à Beaumont-sur-Oise, le Conseil d´Administration a été renouvelé par tiers comme prévu dans nos statuts ; il se constitue dorénavant comme suit :

Président : Jean-Pierre Arnault
Vice-Présidents : Jean-Marc Lebout (Rédacteur en Chef), Gérard Mougin, Michel Trémouille
Secrétaire : Jocelyne Boizard
Trésorier : Michel Trémouille
Membres : Jalal Aro, Jérôme Collomb, Patrick Desnoulez, Francis Diter, Alain Duchaussoy, Denis Lambotte,  Patrick Mathis, Yolande Mauffrey, Yves Roussel (Rédacteur Adjoint)


Les animations autour de notre assemblée générale à Beaumont-sur-Oise

Le week end est printanier et l’auberge beaumontoise sera notre cantine, notre ‘stamcafé’ (seuls les lecteurs belges comprendront) pour la journée. Beaumont-sur-Oise n’a pas été choisie au hasard par Gérard Mougin, cette belle cité a été le lieu d’un festival d’orgues de barbarie organisé tous les deux ans entre 1990 et 2012. André Tellier, ancien adjoint au maire, en a été la cheville ouvrière durant toute cette époque. Il a eu à  cœur de nous recevoir et de nous ouvrir grand les portes de sa ville.

Le Beaumont Palace nous est réservé cet après-midi, il est un des rares cinémas à avoir survécu à l’avènement des salles de cinéma multiplex. Il est aujourd’hui inscrit à l’inventaire des monuments historiques et sauvegarde ainsi la mémoire de ces trop nombreux lieux de divertissements populaires tombés sous la pioche des démolisseurs.

Gaumont Palace à Paris


Elysée Palace à Nogent-sur-Marne


Ciné Palace Ju-Fi-Geor à Lavardac

 

 

 

 

 

 

Au départ, le hangar est construit avec des poutrelles récupérées lors du démantèlement des édifices de l’Exposition universelle de Paris de 1900. Le lieu sert de dancing, de lieu de spectacle, de piste de patins à roulette (le premier patin à roulette reconnu comme tel date de1760 et est à mettre à l’actif du hutois John-Joseph Merlin).

Ce n’est qu’en 1928 que le lieu est adapté aux projections cinématographiques.

 

Cette carte postale date d’après 1928. Sur la façade on voit l’excroissance ajoutée en façade pour abriter la cabine de projection. Précaution prise vu l’inflammabilité des pellicules aux nitrates utilisées jusqu’en 1951 par l’industrie cinématographique.


En 1936, le cinéma est modernisé, un balcon est construit à l’intérieur de l’édifice, et la façade Art Déco est appliquée à front de rue.


Vue du hall d’entrée avec une petite caisse vitrée qui n’est pas sans rappeler les caisses foraines.

Une séance de cinéma muet nous est proposée, deux films aimablement mis à notre disposition par le musée des Gets vont être projetés :

  • Je ne suis qu’un chien
  • La joueuse d’orgue

Pour animer musicalement ces films, Patrick Desnoulez a déplacé un piano orgue Reproduco américain qu’il expose habituellement dans son superbe musée de la Ferme des orgues.

Cette marque, non commercialisée en Europe et donc relativement peu connue, mérite que nous y attardions quelque peu. L’Operators Piano Company est le concepteur de cet instrument. Cette compagnie voit le jour en 1909 à Chicago, la ville où vont foisonner et s’émuler de nombreux acteurs dans le domaine des orchestrions et des pianos pneumatiques automatiques, pensons à J.P. Seeburg, Rudolf Wurlitzer, pour ne citer que les plus connus.

Louis Severson est d’origine norvégienne, il est un des cofondateurs mais c’est lui qui a en charge l’aspect technique de la production. Au départ, l’atelier assure l’entretien et procède à la réparation de pianos.

La demande en instruments automatiques est en forte croissance surtout pour animer les bars et autres lieux de divertissement. En 1913, une gamme dénommée Coinola, la contraction du terme coin pianola (pianola à pièce) est proposée et déclinée avec plus ou moins d’accompagnements de percussions : tambour, triangle, wood block, xylophone… Il en faut pour tous les goûts et tous les prix.

En 1915, la marque Reproduco est créée. Elle concerne un auto-piano domestique qui a la possibilité de fonctionner au choix par pédalage ou par un moteur électrique. Il peut donc être vendu dans des zones géographiques non encore électrifiées mais être prêts à y fonctionner automatiquement lorsque la fée électricité gagnera les zones dépourvues. Stricto sensu, ce premier Reproduco n’est pas une évolution technique majeure, il participe à faire du nouveau avec de l’ancien, une technique commerciale dont Operators Piano va se servir fréquemment.

A cette époque, le monde du spectacle se développe rapidement et les salles de cinéma et autres théâtres poussent comme des champignons. Ils sont demandeurs d’instruments automatiques et Operators Piano leurs propose le Coinola Syle D. La concurrence est rude, le Pipe Organ Orchestra de Seeburg, le One Man Orchestra de Wurlitzer ont déjà investi ce domaine mais Operators va faire de sa marque Reproduco le nom des instruments qu’il destine au monde du spectacle.

En 1916, le Reproduco devient la combinaison d’un pianola 88 notes et d’un orgue de 61 touches qui peut être joué manuellement grâce au double clavier mais également avec un système de lecture de rouleaux de papier à musique. La lente mais inexorable montée de la prohibition aux Etats-Unis va accroitre l’importance du marché des théâtres puis de celui des funérariums qui va continuer à augmenter en volume de vente alors que celui des bars et autres débits de boissons va régresser. Bien positionné, Operators Piano va survivre à cette situation ce qui ne sera pas le cas d’autres plus petits fabricants.

Les premiers Reproduco Player Pipe Organ jouent des rouleaux O, cela implique que seul le piano jouait automatiquement et que l’orgue devait toujours être joué manuellement par un musicien. Rapidement, le fabricant pallie cet inconvénient en introduisant les rouleaux OS

(Organ Series) puis les rouleaux NOS (New Organ Series). Ces deux types de rouleaux donnent toutes les nuances du jeu musical du piano et enclenche aussi l’orgue quand il le faut. La différence entre les deux rouleaux se situe au niveau de la vitesse de déroulement du papier. Dans les OS, il est assez rapide et les rouleaux doivent être changés rapidement. Les rouleaux NOS, qui ont été introduits en 1928, ont un tempo de défilement beaucoup plus lent et assure une durée de jeu de plus d’une heure. Cette autonomie accrue est un argument de vente supplémentaire.

Cet appareil est sans conteste la plus grande réussite de cette entreprise.

Le lecteur qui souhaite approfondir l’histoire de ce fabricant lira avec intérêt le chapitre 36 du livre The Reblitz-Bowers Encyclopedia qui y retrace en détail  l’histoire de ce fabricant. Ce récent livre a le mérite de remettre à jour et de compéter les informations glanées depuis la parution du ‘Bowers’ en 1972 sur la plus part des fabricants américains d’orchestrions.

En contre bas de l’estrade du Beaumont Palace, comme il se doit, le Reproduco Player Pipe Organ de Patrick Desnoulez. Aux claviers, prêt à donner vie à la machine, Luc Religieux.

Durant les projections, le Reproduco jouera en automatique mais aussi en manuel avec la dextérité et le sens de l’improvisation de notre pianiste-organiste Luc Religieux. Savoir adapter l’ambiance musicale aux différentes séquences du film, c’est renforcer l’intensité et le sens de celles-ci. Un travail auquel Luc n’est pas coutumier mais qu’il relève avec brio.

Mais qui est donc Luc Religieux ? Découvrez-le sur son site La Compagnie du Triporteur

L’après-midi se termine à l’auberge beaumontoise avec un récital de chansons puis la démonstration du vélo-orgue de Luc. Celui-ci joue à la force du pédalage et dispose d’un utile dérailleur qui permet de maintenir la vitesse constante et régulière dont a besoin l’orgue quand, dans les côtes, le cycliste faiblit… Un grand moment pour ceux qui, avec délectation,  ont voulu s’y essayer.

La compagnie du triporteur  semble méduser notre Président Jean-Pierre et notre Trésorier Michel.


Le Cannes de l’AAIMM, les stars sont sous les projecteurs.

Après l’assemblée générale du dimanche matin, qui s’est tenue dans la salle des associations de Beaumont, la journée se termine par la visite du château d’Auvers-sur-Oise. Il fait écho à l’influence de cette région sur les peintres paysagistes et surtout impressionnistes, Charles-François Daubigny, Paul Cézanne, Camille Corot, Camille Pissarro et Vincent van Gogh qui sont venus puiser ici leur inspiration. On y retrouve la plupart des sites qu’ils ont immortalisés. Vincent Van Gogh y a peint 70 de ses toiles au cours des derniers mois de sa vie.

Le plaisir de s’être retrouver dans une si bonne ambiance nous incite à vous convier à notre prochaine animation en octobre, les 8 et 9 octobre prochain.

Récit : Jean-Marc Lebout

Photos : Christian Brossard et Raymond Messelier

Vidéos : Christian Brossard


La séance de cinéma muet dans la salle mythique du Beaumont Palace

Le triporteur musical de notre adhérent Marcel La Manivelle

L’Assemblée Générale